Gérardmer 2010 #2
- Détails
- Dossier par l'ouvreuse le 24 février 2010
Neige de cristal
Vendredi 29 janvier 2010, 14H. John McTiernan donne une conférence de presse ouverte à tous. Il cause pêle-mêle de la relativité du "réalisme" et des conventions dans les représentations artistiques à travers les siècles, de l'intérêt pour un cinéaste de trouver la voie qui convient à son projet, lâche une moue indescriptible quand on évoque Le Treizième Guerrier ou Rollerball.
Enfin, il jette des fleurs à son collègue James Cameron pour son dernier film et tease, ho, juste un peu, sur le cinéma du futur qui serait entrain de voir les jours chez des potes à lui ("Mais on ne verra pas ça avant cinquante ans"). L'équipe de L'ouvreuse est à genoux et boit les paroles du maître (cliquez ici pour découvrir divers extraits de l'échange).
Plus tôt dans la journée et déjà sur les genoux, les mêmes se rendaient à la projection de Amer, titillés par les bruits qui couraient autour de ce giallo réalisé par le duo Hélène Catet et Bruno Forzani. Avec un pitch intrigant, la promesse du retour d'un genre martyrisé par Argento et une affiche superbe, même la présentation plutôt évasive de la co-réalisatrice ("Amer, c'est un film.") n'a pas été à même de refroidir l'ardeur des rédacteurs. Pour le reste de l'audience, ce fut a priori autre chose tant elle désertait la salle à mesure que les bobines déroulaient. Quand les spectateurs restaient, c'était en général pour huer ou éclater de rire aux moments les plus délicat (Macfly ne s'est pas remis de la "femme baignoire").Â
A la sortie de la projo, les avis sont divisés : nicco aime beaucoup et trouve le traitement expérimental autour de ce genre, et notamment le travail sur le son et le cadrage, 'achement couillu et bien foutu. Un vrai bon trip sensoriel selon lui. Tout juste regrette-il le premier quart d'heure point & clic façon Fantasmagoria. Vendetta se montre beaucoup plus circonspect (faudrait une photo là en fait pour bien comprendre) : "L’idée de l’hommage au giallo reprenant les figures incontournables du genre avait de quoi séduire. C’est d’autant plus rageant de voir le résultat final, absolument consternant. Par quoi commencer… Par ce côté insupportablement poseur et arty de la réalisation ? Par l’autisme absolu de la narration ? Par le scénario dénué de la moindre intrigue ? Par le rythme arthritique ? Par ce pseudo "éveil à la sensualité" mis au centre du film et se concrétisant par des dizaines de plans sur le vent glissant entre les cuisses de l’héroïne ou des zooms sur les tétons de cette dernière ?". Macfly préfère courir à poil sur le lac gelé qu'en parler. Et puis il y a Zug qui n'a pas aimé mais n'hésite pas à le défendre, un sentiment qui selon lui "résume la perception de cette véritable oeuvre d'art expérimentale qui en l'état aurait dû être envisagée comme un moyen-métrage. Les propositions de mises en scène sont incroyablement risquées et exacerbent une sensualité grisante générée par l'incroyable travail sur la bande sonore et sa juxtaposition avec des images morcelées de corps. On accroche ou pas mais le film ne méritait clairement pas les sifflets, les huées ou de voir autant de spectateurs quitter la salle en plein milieu de projection."
Mouais, encore une manière de se faire bien voir par le chef... (nd nicco : alors qu'il suffit de courir à poil sur le lac). Et puisque Macfly a bêtement ricané pendant la projo, nicco s'est proposé de lui rafraîchir les idées à coups de boules de neige sur sa tresse façon Na'vi. Le reste de la troupe ne s'est pas faite priée pour suivre le mouvement (nd nicco : ça ferait un sacré stand, à un euro la boule lancée sur le Macflaille).
Amer obtiendra une mention de la part du jury du Prix de la critique (nd nicco : et toc).
Après la conférence du roi McT, il a fallu regagner les rivages du lac gelé pour rejoindre la lune. Ou plutôt Moon en VO, titre du film de l’anglais Duncan Jones (fiston de David Bowie) présenté lui aussi en compétition. Encore un métrage de science-fiction que l’on peut qualifier, à l’instar de Cargo, d’atmosphérique puisque la beauté des images et le rythme langoureux tendent à nous faire planer. Cependant, la narration de Moon se montre plus convaincante, bien que le postulat ouvrant le champ à la confrontation d’un astronaute et de son double reste parfois superficiel. Au moins assistons-nous à la performance de choix de Sam Rockwell qui donne de l’épaisseur à cet homme chargé de maintenir en état de fonctionnement une station lunaire chargée de recueillir et d’expédier vers la Terre une nouvelle forme d’énergie.
Peut-être plus attendu encore que La Horde, Moon était précédé d’une réputation très flatteuse. Pour Vendetta, cette réputation est parfaitement méritée : "Ce qui frappe le plus, c’est une impression de grande maîtrise dans la mise en scène. L’éminente qualité de cette dernière, alliée à un sens visuel stupéfiant, un rythme parfait, des SFX impeccables et un script subtil confèrent à Moon un statut de classique quasi-instantané, à ranger aux côtés d’œuvres telles que Silent Running ou encore Sunshine. Ajoutons à cela qu’on évite le piège du questionnement existentiel philosophico-prout-prout qu’on était en droit de redouter avec une thématique pareille, la narration s’axant au contraire sur la résolution pratique des problèmes très concrets posés au(x) héro(s) du film." "Oué, enfin bon", tempère nicco, "la réa piétine et n'essaie pas vraiment de transcender le script. Certaines idées sont évacuées sitôt évoquées (voire l'apparition au début du film). Lorsque le héros fait la grande découverte qui devrait le bouleverser, c'est filmé comme s'il se rendait compte qu'il n'y a plus de moutarde dans le frigo. Sinon c'est pas mal, oué. Merci Sam Rockwell quoi. Concernant Bowie Jr., attendons de voir ses pérégrinations hollywoodiennes."
La critique et le jury n'ont pas attendu pour décerner à Moon leur prix respectif (nd les autres : et toc).
C'est à ce moment du compte-rendu que le scribe en charge de la retranscription signale aux envoyés spéciaux qu'ils ont interverti l'ordre des projections. Hé ben tant pis, on va pas tout refaire et puis ça ne changera pas les films (nd nicco : confondre le matin et le soir, ok, de mieux en mieux. Après c'est moi le gars bizarre parce que j'aime Amer).
Plus tard dans la nuit, c'est Halloween II de Rob Zombie que les festivaliers purent découvrir sur toile géante (rappelons qu'il ne sortira chez nous qu'en DTV le 30 mars prochain). Extrêmement violent dans la démonstration des déchaînements de son croquemitaine, Zombie finit d'y remodeler l'icône Michael Myers en mixant brutalité et visions fantastiques afin de l'inclure dans son univers barré. Contraint de s'atteler à cette suite, le métalleux dépasse sa frustration et son mécontentement en s'intéressant à la déchéance programmée de Laurie Strode, incapable d'échapper à un destin familial plutôt traumatisant. Pas le film de l'année mais diablement déroutant. Pour en savoir plus, sautez vers la chronique vidéo du Mérovingien.
Encore plus tard, les esthètes se régalèrent devant Doghouse de Jake West (le gars derrière Evil Aliens et Razor Blade Smile), sous-sous-Shaun Of The Dead un peu miso ou très macho, cela dépend de votre gonosome, qui réussit l'exploit d'être moins fun que Lesbian Vampire Killers. Du gore-lolz en roue libre qui n'apporte rien, même pas la bière, ce qui est tout de même nécessaire pour passer une bonne soirée devant ça. Ha oui, à un moment le réa insiste sur la conductrice du bus qui se met des gouttes dans les yeux. nicco se demande encore pourquoi.
A suivre dans la troisième et dernière partie : le reste.
LES TONY Z'OREILLES DE GERARDMER
Laissez traîner vos esgourdes aux abords des coins réservés à la presse, et tout un monde de connaissance s'ouvrira à vous. Extraits :
"C'est comme dans Tokyo Gore Police, tu sais, ce film chinois."
"Le Village Des Damnés est un film à la con."
"Je sais pas pourquoi ils l'ont mis dans la rétro, ce n'est même pas McTiernan qui a réalisé Predator."
"Uwe Boll a réalisé trois chefs-d'œuvres."
Gérardmer 2010 - Partie #1
Gérardmer 2010 - Partie #3