Time Out

Oracle les fonds de tiroirs

Affiche Time Out

La nouvelle tombait au début du mois de novembre : une équipe de chercheurs français parvenait à rajeunir des cellules âgées, réactivant le mythique rêve de l'immortalité. Trois semaines plus tard sortait Time Out, le nouveau film d'Andrew Niccol. Son sujet : l'immortalité.


Une collision avec l'actualité pas vraiment étonnante pour Andrew Niccol, auteur homologué visionnaire jouissant du don de prévoir ce que nous avons devant les yeux.
Bienvenue A Gattaca et son futur eugénique nous glaçait l'échine huit mois après que le monde ait fait connaissance avec Dolly le premier mammifère cloné. Les caméras du Truman Show (merci Peter Weir) traquaient le pauvre Jim Carrey pendant que Endemol peaufinait son Big Brother (et cinq ans après le Reality Show de Michel Poulette). S1m0ne, quand à elle, nous prévenait du danger des manipulations de l'image avec l'avènement des outils virtuels dès 1992. Comment ? En 2002 vous dites ? Ha. Lorsque Niccol s'attaquait à un pur sujet d'actualité avec son dernier effort en date, Lord Of War, il parvenait à le déconnecter de l'actualité rendant l'objet tristement inoffensif. Andrew Niccol, le Bizarro Zeitgeist. 

Time Out
 

S'inspirant entre autres de L'Age De Cristal, Time Out prend place dans une société où les individus finissent de vieillir le jour de leurs vingt-cinq ans. A partir de ce moment, ils ont un an de crédit. Pour vivre au-delà, ils doivent gagner du temps, au sens littéral, les mois, heures et secondes étant devenus la nouvelle monnaie d'échange.

Un postulat brillant, exposé avec clarté en quelques mots par le héros, Will (Timberlake) dès les premières secondes du film. Mais à l'image du générique de
Lord Of War qui synthétisait trop parfaitement les deux heures à suivre, Niccol ne parviendra jamais à dépasser la simple exposition dystopique de son univers. Le premier quart d'heure ne servira qu'à répéter à l'excès ce que le public sait déjà (sa spécialité) à travers des ficelles d'un autre âge : toute la storyline de la mère, de son anniversaire prétexte à sa mort, est consternante. La suite ne sera qu'une course poursuite jamais haletante entre un Robin des bois moderne, des milliardaires qui s'emmerdent et un flic qui a très bien connu son père, information d'une inutilité totale qui viendra pourtant régulièrement plomber un rythme déjà pas folichon. Car bien qu'épaulé par une solide équipe technique, Andrew Niccol, dont c'est la première incursion dans l'action, offre une mise en scène distanciée, mélancolique, parfaite pour un Gattaca, mais trop timorée pour s'impliquer dans des situations basiques n'exploitant que rarement le potentiel d'une course fugitive et d'une course après le temps. 

Métrage plus sur l'immoralité que sur l'immortalité,
Time Out aurait pu entrer en résonance avec les mouvements de protestations actuels. Seulement Niccol a opté pour un univers froid et inhumain, sans loisir, sans culture, sans plaisir (ha, cette fameuse mer qui n'attire que les prolos…) où riches comme pauvres n'ont aucune raison de vouloir prolonger leur crédit de temps de vie. Les premiers finissent par se lasser des parties de poker et de la disgracieuse esthétique de SF à la Kurt Wimmer (éclairée par Roger Deakins, une expérience à vivre). Les seconds, poussés par le commun espoir d'avoir un jour une vie meilleure, grappillent tant qu'ils peuvent du crédit temps jusqu'à ce que le ticket de bus augmente. La passivité est totale.

Metropolis
se concluait sur l'union de Freder, l'héritier, révolté par le sort de ceux d'en-bas, et de Maria, l'ouvrière, meneuse rebelle. A eux deux ils symboliseront le cœur nécessaire au fonctionnement en harmonie des mains et des cerveaux. Quatre-vingt quatre ans plus tard Time Out ressert la même conclusion, à ceci prêt qu'il a fallu que l'un perde sa maman pour se découvrir une âme rebelle et que l'autre soit punie par son papa pour comprendre le monde dans lequel elle vit. 
Un monde où tout le monde a vingt-cinq piges. Un monde où Andrew Niccol serait prophète.

3/10
IN TIME

Réalisateur : Andrew Niccol
Scénario : Andrew Niccol
Production : Andrew Niccol, Marc Abraham, Eric Newman…
Photo : Roger Deakins
Montage : Zach Staenberg
Bande originale : Craig Amstrong
Origine : USA

Durée : Un ticket de bus et trois cafés
Sortie française : 23 novembre 2011




   

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