Homme Au Bain

Mettre un therme à une relation

Affiche Homme Au Bain

Ce n’est un secret pour personne, Christophe Honoré est loin d’appartenir à cette catégorie de cinéastes dont L’ouvreuse aime défendre le travail.


Si sa précédente copie, Non Ma Fille Tu N’Iras Pas Danser, avait su passer entre les mailles du filet, nous ne sommes pas prêts d'oublier que cet intervenant à la Fémis était passé maître dans l’art de la pose bobo du 16ème, alignant les dialogues caviardés de citations littéraires pesantes et de tics visuels ringards hérités de la Nouvelle Vague.

Aussi, rien de surprenant à ce que son nouveau métrage, Homme Au Bain (en référence à la peinture de Gustave Caillebotte), nous replonge directement dans la caricature d’un cinéma d’auteur Rive Gauche pour cinéphiles expérimentés. Initialement prévu pour être un court-métrage libre commandé par la commune de Gennevilliers, le projet se retrouve propulsé sur les écrans français à grands coups d’arguments marketing imparables et surtout mensongers. En effet, personne n’aura manqué le nom de la comédienne Chiara Mastroianni présent en grands caractères sur l’affiche et largement visible dans la bande-annonce du film. Le chaland séduit par la rencontre Honoré / Mastroianni de Non Ma Fille… déchantera rapidement quand il s’apercevra que la demoiselle n’apparaît quasiment pas à l’écran. Surtout, sa présence repose exclusivement des images vidéo proprement hideuses capturées au cours de la promotion new-yorkaise du précédent métrage du réalisateur.

La raison de ces séquences est simple : ayant trop de matière pour un court-métrage centré exclusivement sur le personnage interprété par François Sagat (un homme tente d’oublier le compagnon qui l’a délaissé en couchant avec d’autres hommes) mais pas assez pour atteindre le minimum syndical d’un long-métrage, Honoré a choisi de gonfler artificiellement son récit en y ajoutant une storyline totalement inutile et laide (le voyage à New York dudit compagnon).


Homme Au Bain
 

Néanmoins, pour peu que l’on fasse abstraction de cette sous-intrigue pénible, Homme Au Bain est très loin de convaincre tant il peine à masquer son absence totale d’inspiration. En nous présentant la star du porno gay François Sagat comme une variante moderne de l’Homme Au Bain de la toile de Caillebotte, Honoré affiche une note d’intention qui ne sera jamais vraiment développée. Si on excepte une jolie scène en tout début de métrage questionnant la virilité et l’érotisme de ce corps masculin, le reste ne sera qu’un ramassis de clichés soporifiques. Ne parvenant à oublier son bobo moustachu qui ne l’aime plus, le héros du film, Emmanuel, va aligner les rencontres sexuelles sur lesquelles il projetera l’image de son amour perdu (un type à qui il va masquer le visage, un autre qui ressemble comme deux gouttes d’eau à son ex, etc.) et éprouver tous les états qui l’avait mené à la rupture (sensualité, tendresse, violence…). Dans l’esprit pourquoi pas.
Mais avec ses cadres moches, son onirisme de pacotille sur fond de citations pompières, son absence flagrante de dramaturgie (comment se sentir concerné par cette histoire de rupture quand il est impossible de croire au couple censé être au cœur des enjeux ?) et ses idées plus théoriques que véritablement incarnées, Honoré finit par totalement passer à côté de son sujet et livre un objet froid et jamais érotique, ce qui est un comble quand on a sous les yeux une star du X réputée pour faire grimper la température à sa simple évocation.


Quand bien même l’inénarrable François Bégaudeau voudrait nous faire passer la chose pour un sommet d’expérimentation cinématographique, nous préférons convoquer le souvenir de toute la clique de ces pseudo agitateurs français qui filment la fesse sans jamais éveiller la moindre palpitation dans le pantalon, de Catherine Breillat aux frères Larrieu.


Au milieu de ce marasme surnage néanmoins une chose : l’interprétation de François Sagat, que nous sommes allés interviewer à la sortie du bain.

1/10
HOMME AU BAIN
Réalisateur : Christophe Honoré

Scénario : Christophe Honoré

Production : Justin Taurand

Montage : Chantal Hymans

Origine : France

Durée : 1H12

Sortie française : 22 septembre 2010




   

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