GI Joe, Le Réveil Du Cobra

Joe Bar Team

Affiche GI Joe, Le Réveil Du Cobra

Si Sommers est moins concerné que Bay par l’excitation de l’appendice turgescent et rosâtre situé dans le caleçon, il reste tout aussi incapable de titiller celui situé dans le crâne. Pas vraiment une surprise mais en tant que cérébral, j’ai toujours du mal à jouir si mon intellect n’est pas mis en branle...


Partant de ce principe, pourquoi aller voir un tel film ? Surtout sachant que la chanson des Black Eyed Peas le concluant est une sorte de mantra décérébré le résumant idéalement : "Boom boom boom, gotta get-get, Boom boom boom, gotta get-get, Boom boom boom, gotta get-get (ad lib)" ou que le public clairement visé est l’Amérique rurale.
Ben c’est la faute à Méro. Sa critique de Transformers 2 
était tellement bonne que malgré mon rejet total de cette bouse, j’étais presque prêt à lui trouver certaines qualités (le presque, ici, fait toute la différence) ! Après tout, un bon trip mongolo-régressif de temps en temps, ça peut pas faire de mal. Ainsi conditionné, j’étais paré pour voir G.I Joe, Le Réveil Du Cobra, oublier mes postures de donneur de leçon et l’apprécier pour ce qu’il est. S’il est vrai que le film ne provoque pas d’aussi puissantes migraines et reste globalement lisible et assez fun par moments, il n’en reste pas moins un grand moment de nimportnawak narratif et parfois visuellement très laid. Alors bien sûr, on peut trouver toutes les circonstances atténuantes du monde comme quoi ça ne se prend pas la tête, que c’est du pur premier degré jouissif, qu’on passe un bon moment à les regarder se foutre sur la gueule sans rien penser, etc. Mais cette agression constante de l’intelligence du spectateur serait excusable si au moins Sommers et sa cohorte de scénaristes (cinq, nom de dieu, ils ont dû se mettre à cinq pour pondre ça !) avaient rendu ce gloubiboulga de références et d’hommages en tous genres digeste et surtout excitant ! Au contraire, ce film est tellement mécanique dans sa construction et ses péripéties qu’il devient d’un ennui mortel. Le risque, c’est que pour compenser cette platitude, votre esprit vagabonde tellement que vous ratez les actions les plus intéressantes se déroulant en arrière plan ! Comme cette scène hallucinante où après la destruction partielle de la base des héros, tandis que ceux-ci se regroupent pour décider de la suite à donner, deux trouffions de la Joe Team passent le balai dans un coin du cadre. A vérifier car si je ne mets pas en doute la parole du pote qui m’a révélé ce détail, cela mérite le coup d’œil.

GI Joe, Le Réveil Du Cobra

Avec cette adaptation live d’une ligne de jouets cultes dans les années 80, Sommers peine à insuffler un soupçon de vie dans des personnages aussi creux que leur modèles de plastique. Pourtant, on ne lui demandait pas de tenter d’égaler l’état d’esprit frondeur de Joe Dante et ses Small Soldiers. Que reste-t-il à Stephen Sommers pour espérer emporter la mise du box-office ? De l’action à foison, de la tôle froissée, des apparitions de ses acteurs fétiches (Brendan Fraser, Arnold Vosloo…), de l’humour (heureusement Wayans n’est pas aussi insupportable qu’on pouvait le craindre) et une volonté d’en donner toujours plus (voire trop !) aux spectateurs. Seulement voilà, la profusion de séquences explosives ne produit jamais autre chose que du bruit et une excitation rétinienne passive. D’autant que les vingt dernières minutes sont un mix improbable entre les James Bond et Star Wars (épisodes IV, V et VI) validant l’absence du moindre projet de mise en scène. Ceci dit, le film recèle tout de même de grands moments comme le délavage de cerveau de la Baronnesse (Ah, la force de l’amour…) ou les flashbacks complètement inutiles et à côté de la plaque censés éclairer sur les relations entre Storm Shadow et Snake Eyes ! Des souvenirs cependant jouissifs moins parce qu’ils montrent les deux ninjas enfants entraînés par le même maître que par la mise en scène de cette école qui rappelle ces camps de ninjas cultissimes peuplant la série des American Warrior avec Michael Dudikoff.

Mais ce qui est inquiétant est que : "
Devin Faraci, du site internet CHUD.com, est l'un des quelques critiques américains à avoir pu visionner le film en avant-première. Il fait partie des 88% d'avis positifs recensés par Rotten Tomatoes. "Si j'avais dix ans, G.I Joe serait l'un des meilleurs films que j'aie jamais vu", a-t-il déclaré."  Oui mais voilà, on n'a plus dix ans. Symptomatique de l’approche de Sommers qui a beau essayer de faire illusion en tentant de construire une mythologie (l’introduction au 16ème siècle), de prendre ses héros au sérieux en faisant de G.I Joe l’acronyme de Global Integrated Joint Operating Entity, mais ne cherche qu’à réveiller le gamin fan d’action figure qui est en nous et capitaliser sur la résurgence de la nostalgie de trentenaires devenus désormais des consommateurs actifs.

GI Joe, Le Réveil Du Cobra
 

Entièrement envisagé au premier degré, le film demeure attendrissant dans son enthousiasme et son innocence infantiles et constitue un contrepoint désopilant au génial Team America, Police du Monde des créateurs de South Park qui en 2004 proposait une satire désopilante, enragée et engagée de l’interventionnisme à outrance des Etats-Unis via des poupées animées par des fils. Un parallèle qui s’impose lorsque l’on examine les différences de traitement de la destruction de Paris dans l’un et l’autre. Simple moment de pur délire chez Sommers quand chez Trey Parker et Matt Stone cela donnait une hilarante et profonde remise en question des fondements de la politique et la culture belliciste de l’Amérique. Sommers préfère s‘amuser avec ses jouets et utiliser les énormes moyens financiers à sa disposition pour nous propulser en plein coeur des winning eighties. Obama occupe peut être la Maison Blanche mais c’est Reagan qui squatte les écrans.

4/10
GI JOE, RISE OF THE COBRA
Réalisateur : Stephen Sommers
Scénario : Stuart Beattie, David Elliot, Paul Lovett, Michael Gordon, Stephen Sommers (cinq personnes planchant sur le scénario de GI Joe ? Nan…)
Production : : Stephen Sommers, Lorenzo Di Bonaventura, Bob Ducsay...
Photo : Mitchell Amundsen

Montage : Bob Ducsay & Jim May
Bande originale : Alan Silvestri
Origine : Etats-Unis
Durée : 1h58
Sortie française : 5 août 2009




   

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