City Of Life And Death

Chuan Lu et approuvé

Affiche City of Life and Death

Viré de la dernière sélection cannoise suite aux pressions de distributeurs français cherchant à imposer leur cinéaste chinois banni préféré et son film floppaire sur l'homosexualité, City Of Life And Death est donc passé totalement inaperçu.


C'est pas faute d'avoir osé aborder un sujet historique tabou en Chine, le massacre de Nanking, via une approche rappelant Requiem Pour Un Massacre.
Quoi, un sujet tabou ? Sur un massacre orchestré par les troupes japonaises durant l'occupation fin des années 30 ? Réalisé par des chinois ? L'esprit occidental pensera de suite à une autre oeuvre de propagande vantant la Patrie victime des grands méchants japonais. Forcément ! Hé bien pour une fois, l'esprit occidental se trompe. Aux chiottes les préjugés.
City Of Life And Death plonge son audience au coeur du massacre, adoptant différents points de vues pour mieux couvrir la situation. D'un soldat japonais aux survivants chinois en passant par le fameux John Rabe connu comme le Schindler de Chine. Mais au-delà des étiquettes et apparences, le réalisateur Lu Chuan s'intéresse surtout aux hommes confrontés à une horreur quotidienne où l'idée de bien et mal n'existe plus.

City of Life and Death
 

Lu Chuan s'affranchit donc du pathos et de ses grosses ficelles attendrissant l'audience. Oubliez  les musiques pompeuses et la mise en scène bien insistante regardez-comme-c'est-triste. Au contraire, la caméra à l'épaule apporte une liberté très naturelle au film, donnant le sentiment que tout peut exploser à chaque instant sans prévenir. Quant aux personnages, ils se dévoilent à travers les situations qu'ils vivent, de par leurs actions, leurs regards... Plus que par la parole et son côté didactique.Ce qui peut donner l'impression d'un récit froid.
L'horreur ne prévient pas. C'est ainsi qu'au détour d'une discussion entre des troupes japonaises et un collabo chinois, un des soldats attrape une petite fille, ouvre une fenêtre, et la jette. Comme si c'était un meuble gênant. Ailleurs, on découvrira le calvaire des femmes de "confort" qui travaillent à la chaîne en espérant mourir le plus vite possible (on est très loin de Histoire D'Une Prostituée de Seijun Suzuki). Et comme si la folie n'était pas suffisante, on assistera à une cérémonie japonaise mystique au milieu des ruines où les soldats japonais semblent demander quelque chose aux Dieux. Comme si l'horreur de Nanking n'existait pas.

City Of Life And Death est une belle claque qui efface sans problème Héros De Guerre, et qui pourrait s'imposer comme le meilleur film chinois 2009 juste après Les Trois Royaumes. À côté de décors monstrueux - un Nanking en ruines reconstruit, d'une ambiance macabre et pesante dévoilant le visage d'une humanité brisée à tous les niveaux, Lu Chuan parvient à déjouer un discours officiel victimisant pour mieux écorcher le tabou à sa source; l'action humaine. Reste maintenant à espérer une sortie française... mais qui sait ce que feront les spectateurs les plus impatients ?

9/10
CITY OF LIFE AND DEATH
Réalisateur : Chuan Lu
Scénario : Chuan Lu

Production : Steffen Wild
Photo : Cao Yu
Montage : Teng Yu
Bande originale : Liu Tong
Origine : Chine

Durée : 2H12
Sortie française : C'est l'histoire d'une loutre…




   

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