ITV Fred Testot + Cécile de France
Service après-vente
Comment êtes-vous arrivé sur le projet ?
Fred Testot : Cécile je crois que c'était en métro...
Cécile de France : En scooter.
FT : Et moi un pote m'avait déposé à mi chemin (rires). Mais sinon on est arrivé d'une autre manière sur le projet par l'intermédiaire de Nicolas Boukhrief...
CdF : C'est un réalisateur qui a fait des bons films alors ça aide (rires). C'était vraiment ma rencontre avec Nicolas Boukhrief qui a été décisive. C'est lui qui m'a parlé de son projet et j'ai trouvé ça très intéressant évidemment. Fred est arrivé après comme un prince, comme un pacha.
FT : Voilà , je suis arrivé sur un fauteuil, sur un rocking-chair porté par 600 personnes, dans la rue comme pour toutes mes apparitions à Paris et ça a fait marrer Nicolas qui m'a dit : "Tiens, on cherche à faire un couple de cinéma dans un film que j'ai écrit". Moi j'allais tout simplement à la réunion traditionnelle du carnaval, Nico m'a convoqué et puis voilà , ça m'a plu. C'est mon premier premier rôle dramatique donc j'y voyais un super grand intérêt, j'adore le travail de Nico, notamment Le Convoyeur, un polar qui me plaît beaucoup en temps que spectateur. J'avais l'occasion de traverser l'écran, d'aller de l'autre coté donc j'ai dit oui tout de suite, j'étais très enchanté qu'il pense à moi.
En plus Cécile qui arrive après c'est le rêve, plus Julien Boisselier.
CdF : C'est la cerise sur le gâteau...
FT : C'est l'ananas sur le gâteau...
Fred, comment Nicolas Boukhrief a-t-il pensé à vous ?
FT : Je ne sais pas, lui dit que c'est en regardant le SAV. Il s'est dit : "Tiens, s'il peut faire plein de rôles comme ça il pourrait faire un rôle sérieux d'une heure trente". C'est ce qu'il dit et je le crois, j'ai vu qu'il a bossé avec d'autres "comiques" entre guillemets comme Dupontel et Dujardin. Je me suis que c'était le meilleur pour m'orienter vers cette voie sérieuse, qu'il saura faire. Et il a su faire je pense.
Vous confirmez Cécile de France, vous qui êtes une artiste confirmée ? (rires)
CdF: Il est très crédible dans le film, au début on se dit qu'il va nous faire rigoler, et non ce n'est pas du tout un film drôle.
Avez-vous eu une préparation spéciale pour le film ?
CdF : Oh oui, très intense.
FT : Oui, c'est là qu'on s'est rencontré avec Cécile, avec Gaëlle Cohen qui est coach et coordinatrice cascade, on a fait plein de choses : du sport pour s'affiner, comme les fromages...
CdF : Après on a appris le maniement des armes, on a tiré à balles réelles, on a fait du karaté, une séance de laser-ball...
FT : On a appris comment se déplacer à deux dans des interventions avec des armes, comment les tenir, pas le doigt sur la gâchette etc, une sorte de préparation accélérée au métier de gardien de la paix...
CdF: Avec un vrai policier...
FT : C'était agréable de connaitre tous ces trucs là , de voir le tonfa (une sorte de matraque), de l'avoir à la ceinture avec soi, d'appréhender tout ça... Plus des cartes de police que nous a donné Nico deux mois avant le tournage.
CdF : On a lu aussi un livre vachement bien qui s'appelle Flic de Bénédicte Desforges. C'était une bonne préparation, de deux mois et moi j'aime bien cette période là , on a le temps, le temps de rêver...
FT : On a fait comme font beaucoup d'acteurs, comme dans Ratatouille : le rat s'entraine à faire cuistot pendant deux mois avant, et il est crédible dans le rôle (rires)...
CdF : Oui, il faisait aussi du sport...
FT : On l'a rencontré à la salle de gym (rires).
CdF : On a chacun notre petite préparation.
FT : C'est vrai que ça aide vachement, c'est ma première expérience dans le genre, c'est vraiment se mettre dedans. Deux mois avant déjà on ne pense qu'à ça, on est flic quoi.
CdF : C'est un truc qui s'apprend vraiment, c'est un univers qu'on ne connait pas, on a juste une image extérieure...
Comment avez-vous perçu vos personnages ?
FT : Je les ai vu comme ils sont, tellement bien écrits. Les deux sont des gardiens de la paix donc des flics de base, d'en bas, ceux dont on ne parle pas souvent. Comme disent Nico ou Cécile ce sont souvent les figurants dans les séries ou les autres films. Et puis ce ne sont pas des superflics, des superhéros, ce sont des gens qui ont une formation soit, mais qui sont comme tout le monde. Mon personnage, même s'il a une force intérieure parce qu'il a déjà eu affaire à des supérieurs un peu désobligeants envers lui, est quelqu'un de fragile avec des failles, et le perso de Cécile aussi.
CdF : C'est vraiment des flics de base, écrasés par le système hiérarchique qui est comme un rouleau compresseur qui s'exprime quand la critique s'élève. Du coup ils sont obligés de mener leur combat pour s'innocenter à deux. Et entre ces deux petits flics une histoire d'amour va aussi naître, mais elle est délicatement tissée, car ce n'est pas la chose qu'on voit en premier. Au fur et à mesure du film on se dit : "Tiens ils sont pas en train de tomber amoureux ?"
Fred, votre personnage est d'abord présenté comme un flic violent, puis on le découvre finalement plutôt doux. Avez-vous joué sur ce contraste ?
FT : Justement , ce sont les rumeurs, les bruits de couloir dans le commissariat, on est tous sujet à ça, à la rumeur de gens qu'on ne connait pas. C'est un étranger, il arrive dans le commissariat, on dit que c'est un violent mais finalement il a eu des problèmes avec des supérieurs comme n'importe qui dans notre société. Après il défend sa peau quoi, le fait de se sauver et de sauver sa belle.
On les voit quand même tuer de sang froid...
CdF : Mais ils sont obligés pour sauver leur peau... On a fait confiance à Nicolas, c'est une responsabilité par rapport à un public, c'est ce qu'il raconte : où la balle va arriver ? Dans l'œil ? Le cœur ? Souvent on ne tire qu'une fois... Ce n'est pas non plus un film psychologique, on va voir un film policier parce qu'on aime les films policiers. Il est entre les deux je trouve : ni trash, ni mièvre, c'est son univers à lui que je trouve toujours juste.
FT : A chaque fois qu'on a à faire usage de notre arme c'est en légitime défense. C'est justifié, pas tirer pour tirer, c'est dans la logique de l'histoire, on se défend.
CdF : Mais c'est vrai que Nicolas voulait, on nous choisissant nous, amener notre public, pas forcément habitué aux films sombres et noirs, de découvrir cette univers là sans être traumatisé ou choqué. Moi je suis spectatrice de ce genre donc ça ne me fait pas peur mais pour les gens qui n'ont pas l'habitude ça peut être choquant. C'est vraiment bien dosé, il y a une tension incroyable, on aimerait vraiment qu'ils s'en sortent. Donc c'est réussi, la tension est bien drivé.
FT : Je suis d'accord avec vous, et pourtant je ne vous connais pas (rires).
Le film a été tourné en HD, comment s'est passé le tournage ? Vous aviez des marques à respecter avec une logistique lourde ou votre jeu était "libéré" ?
CdF : Euh... je ne sais pas s'il y avait des marques. Mouais... c'est pas très important, ce n'est pas ce qu'on retient du tournage.
L'intérêt surtout c'était, dans les scènes de boîtes de nuit, de ne pas être obligé d'éclairer beaucoup. Hors là , comme dans L'Auberge Espagnole où il y a une scène éclairé uniquement avec une allumette, ça marche, les lumières rouges, etc. Ce qui donnent un aspect très moderne et très pop comme dit Nicolas au film.
Les persos sont plus rétros que la mise en scène du film, sorti d'un héritage un peu plus ancien par rapport au polar qu'on voit souvent aujourd'hui et ses personnages plus ambigus...
CdF : Je n'ai pas compris...
Vos persos sont des héros de polar plutôt classiques...
CdF : Ah bon vous trouvez ?
Euh oui... Un couple innocent face à des bandits méchants et contre un système corrompu...
CdF : Je ne sais pas ce qu'on entend par classique, mais c'est assez rare qu'on ai des flics en uniformes comme héros d'une histoire, ce sont souvent des flics en civil, gradés. C'est quand même assez nouveau de ce coté là .
Après c'est vrai qu'on reste dans l'image d'Épinal du film policier, ce pourquoi on va au cinéma aussi, il y a des méchants et plus le film avance plus on entre dans le labyrinthe de la nuit, qui retrouve ces images plus classiques.
Mais je trouve que c'est un bon mélange : le film commence comme un reportage qu'on pourrait voir à la télé, caméra à l'épaule avec les flics en mission et au fur et à mesure ça devient du cinéma, pas un documentaire.
Vous voulez continuer à participer à ce cinéma ?
FT : Moi je l'aime en tant que spectateur, après si je peux y contribuer en tant qu'acteur cela me fera plaisir. Mais je ne fais pas de calcul, ce qui me plait c'est de jouer des rôles. Je ne me dis pas je vais faire cinq comédies, après des films d'auteur, puis dans cinq ans je reviens dans une grosse comédie... Je suis content que ça m'arrive au démarrage, qu'on me propose des trucs totalement différents de ce que je fais (avec l'accent marseillais) au quotidien dans une chronique avec un collègue et ami (rires).
CdF : En tant qu'actrice j'ai joué dans Haute Tension, Où Est La Main De L'Homme Sans Tête et Mesrine, trois films dans cet univers que j'adore, et en tant que spectatrice ce sont les films que j'aime. Mes derniers coups de cœur sont The Chaser et Morse.