Janvier 2011

2011 upon a time...

Image

"Pour notre part nous attendons toujours l'émission idéale, qui pourrait s'approcher d'une version cinéma de Dans Le Texte du site Arrêt Sur Image. Rêvons."
Ce vœu illusoire concluait notre dossier sur le traitement du cinéma dans le paysage audiovisuel français.


Et voilà qu'un an et demi plus tard le site de décryptage des médias comble notre attente ! Rafik Djoumi reçoit pour cette émission inaugurale le réalisateur Florent Emilio Siri (Nid De Guêpes, L'Ennemi Intime) et le critique Jean-Baptiste Thoret pour tenter de donner une définition du cinéma. Ambitieux programme, qui, s'il ne donne évidemment pas une définition précise de ce qu'est le 7ème Art, dit surtout ce qu'il n'est pas.
La question finit même par ne plus se poser : il suffit d'entendre parler les trois passionnés pour voir se former les contours de ce qui fait l'essence du cinéma. Sur ce plateau on parle de rythme, de découpage, de plan, de point de vue, de volets, de musique, de profondeur de champ, de triche !, de grammaire, de règles et d'infractions… Et étonnamment, pas de "corps en mouvement" ni de "matière humaine".

Tout l'inverse évidemment d'un Cercle caricatural auquel Sonocle Ujedex, via Soviet Voice, rend les derniers sacrements.

Devant un tel spectacle, les plus optimistes se sont sûrement rabattus sur Cinémas, l'émission de Serge Moati sur France 5. Le dernier numéro que j'ai eu le plaisir de découvrir abordait la question du relief. J'y ai appris qu'il y a eu de bons films avant le relief (ho ?), donc qu'on n'en a pas besoin (ha). J'y ai également appris que "c'est pour gratter un peu plus d'argent, il faut bien le dire !" (l'intrépide Laurent Delmas défie la CIA du FBI des ninjas de la Chine et oublie où va cet argent que nous prennent les américains). Il est soutenu dans cette sédition par Bruno Cras : "Les américains nous prennent pour des imbéciles". En même temps c'est très tentant. De son côté Caroline Vié soulève l'important problème des lunettes "pas pratiques" (ouf, son cri d'alarme a été entendu). Plus tard, Bruno Cras nous confiera à propos de Une Vie De Chat de Alain Gagnol & Jean-Loup Felicioli que "c'est la première fois que je vois un dessin animé polar" (d'accord).
La conclusion de ce simili-débat sur le relief où prédomina la peur (dédain ?) de l'innovation : si les projets se font de moins en moins nombreux, c'est bien la preuve que "ça ne marche pas". Personne pour soulever l'idée que c'est aussi, peut-être, parce que les sociétés de production et les réalisateurs se rendent compte que pour livrer une qualité de relief équivalente à celle de Avatar, il faut bien cinq ans de travail.

La nouvelle émission de Arrêt Sur Image est donc une initiative bienvenue, notamment à l'heure où le Web dans son ensemble devient le terreau d'une cinéphilie industrielle s'aliénant sous le joug d'un dieu Chiffre quémandant chez les pros comme chez les amateurs sa cargaison journalière d'infomercial, d'articles de quelques lignes pondus dans les deux heures suivant la projection ou de classements toujours un peu plus crétins (conseil : pour faire un top des films réac, lire la définition de "réac").
Une culture du chiffre qui a un bel avenir car comme l'avance Michel Ciment dans l'édito du Positif de janvier : "les blogs n’ont fait que développer le caractère inflationniste de l’égomanie". Le bombardement était à prévoir : mais, pas folle au point de qualifier l'auguste critique d'aigri ou des habituelles tares dont on pare l'interlocuteur contrariant ("hater" et autres amabilités), la blogosphère a dégainé la sénilité pour contester ses indigents propos !

Je les vois déjà venir les agacés du paragraphe de dessus, nous sommer de "parler un peu plus de cinéma et un peu moins de méthodes". Un "fermez-là" en plus poli. Or de cinéma, nous en parlons déjà. Dans cet édito, pour commencer. Et sur la Une, entre autre. Parmi la vingtaine d'articles proposés, il doit bien y en avoir qui abordent le cinéma. Ha ça alors : tous ! Tenez, ce papier de huit pages sur le premier film de Walter Hill, Le Bagarreur, qui signe le retour d'un Pierre Remacle qui s'est enfin remis de Morse. Ou cette chirurgicale analyse du Limier de Mankiewicz par Guénaël Eveno. Ou cette critique de fond de Harry Potter 7 par un Nicolas Marceau qui ne se contente pas des poncifs collant à la saga. Ou encore cette réhabilitation d'une des plus grandes comédies de la décennie, Les Clefs De bagnole de Laurent Baffie, par Hicks, fidèle lecteur s'il en est. Et comme vous aussi, vous êtes de vieux et fidèles lecteurs, dois-je citer ici les nombreux articles sur des sujets peu ou jamais abordés ailleurs (tel ce papier repris chez nos confrères de Owni) ?

Et comme parler de cinéma est quelque chose que nous aimons, nous ne pouvions nous résoudre à résumer 2010 par d'infernaux tops et flops de fin d'année. Jeudi prochain nous mettrons donc en ligne la discussion qui anime la rédaction depuis une semaine sur les divers bilans à tirer de l'année écoulée. Un long dossier dont les thèmes développés au cours des débats devraient en étonner plus d'un.

Enfin, si causer cinéma vous botte vous aussi, vous pourrez toujours nous retrouver comme tous les ans à Gérardmer du 26 au 31 janvier, avec pour la première fois l'équipe du site au grand complet. Comme dirait l'autre, it's gonna be legendary.

Bonne année, et n'oubliez pas : les américains nous prennent pour des imbéciles.


MAJ 11/01/11
Et comme le soulignait le "vieux c..." (sic) Michel Ciment dans son édito, il vaut mieux filmer avec un téléphone si vous désirez que la presse parle de vous. Ce sera toujours plus utile que d'innover réellement.




   

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