Commando

I'm gettin Arnold for this shit

Affiche Commando

En ce mois de février 2013, il est bon de revoir ses priorités : dans cet article, point de Spielberg, Bigelow, Tarantino et autres cérémonie des Oscars.


Cela n’aura échappé à personne, mais l’une des plus grandes stars des années 80/90 revient sur les écrans : Arnold Schwarzenegger !
C’est avec Le Dernier Rempart de Kim Jee-woon que notre vieux bodybuilder a souhaité faire son retour sur scène. Je laisserai à d’autres le soin de chroniquer le film, ce qui m’intéresse ici, c’est plutôt la singularité du projet : un véhicule promotionnel pour une star qui affiche 65 ans au compteur et n'a pratiquement pas tourné pendant dix ans (quelques caméos depuis Terminator 3). Franchement, quel acteur peut se vanter de revenir dans le genre qui a fait son heure de gloire après des années d’absence, en tête d’affiche, avec un parterre de seconds couteaux connus et tout cela entre les mains d’un réalisateur en vogue ?
Stallone ? Que nenni, il préfère assurer lui-même son come-back.
Willis ? Non plus, il tourne dans tout ce qu’il peut du moment qu’il encaisse son chèque.
Quant aux autres, ils sont trop occupés avec leurs DTV.
 

Schwarzy a le privilège de pouvoir exiger un film avec son seul nom sur l’affiche après dix ans loin des plateaux. Même des célébrités plus reconnues par la profession ne peuvent en dire autant. Quid d’un Alec Baldwin ou d’un Kevin Costner qui ont fait la gloire des studios dans les 90's ? Ceux-là peuvent toujours rêver de se voir en tête d’une production cinématographique en un claquement de doigts... 

Commando

 

Peu importe où, quand, comment, quelqu'un doit payer !
Que le comeback soit réussi ou pas importe finalement peu : nous allons revenir en arrière et nous focaliser sur le film qui a permis au Chêne Autrichien de devenir une action star, une superstar, que dis-je, un mythe ! Je veux bien sûr parler de Commando !

Film de Mark L. Lester réalisé en 1985, Commando représente (avec Rambo 2 : La Mission) l’état d’esprit du cinéma d’action de l’époque.
Commando, c’est la réunion de plusieurs fous furieux issus pour la plupart de la série B : Lester, donc, (Class Of 1984 et Firestarter), le scénariste Steven E. de Souza (Running Man, Piège De Cristal, 58 Minutes Pour Vivre, 48 Heures et même K2000), notre brave Arnie, qui en avait fini avec l’heroic fantasy (les deux Conan et Kalidor) et signé son premier film avec James Cameron. Tout ce beau monde se retrouve entre les mains de cet énergumène de Joel Silver, le producteur star qui a révélé Mel Gibson, Bruce Willis mais aussi des McTiernan, Shane Black ou Wachowski. Pour vous donner un aperçu du bonhomme, souvenez de la performance de Tom Cruise dans Tonnerre Sous Les Tropiques.
Bref, toute la démesure d’Hollywood en un film ! 

Parlons maintenant de l’histoire (si, si, il y en a une) : Ex-commando d’élite, le colonel John Matrix (Schwarzenegger) vit paisiblement dans les montagnes avec sa fille Jenny (Alissa Milano encore gamine). Mais voilà, le général dictateur Arius kidnappe Jenny et oblige Matrix à fomenter un coup d’état au Val Verde pour lui permettre de reprendre le pouvoir. Matrix, à qui il ne faut pas baver sur les rouleaux, va se retourner contre ses agresseurs et tout faire pour récupérer sa fille. Dans sa course, il embarquera Cindy, une hôtesse de l’air, et affrontera son pire ennemi : Bennett. 

Lors de sa sortie, Commando a souvent été comparé à Rambo 2. Il existe pourtant une vraie différence entre ces deux bandes : Rambo 2 est l’incarnation de l’idéologie politique dominante des States, alors que Commando, vide de toute substance, livre un scénario prétexte pour aligner scènes d’action et punchlines bien placées. On peut penser que le film a servi de véhicule promotionnel pour Schwarzenegger, mais il n’avait pas encore le statut qu’on lui connaît aujourd’hui. Et pourtant, mes amis, l’inimaginable va se produire avec ce Commando qui va véritablement façonner l’image de Schwarzy auprès du grand public et conditionnera, en quelque sorte, le reste de sa carrière. 

Commando
 

Attention à toutes les unités appel d'urgence au niveau des cinémas. Le suspect fait dans les 1m90, il est châtain et c'est un gigantesque enfant de putain.
Lorsque ce dernier joue dans Conan Le Barbare, on prend soin de nous conter comment il est devenu cette montagne de muscles. Nous sommes dans un univers de fantasy, et la présence d’un barbare sur-musclé paraît complètement crédible.
Lorsqu’il joue dans Terminator, on justifie son physique impressionnant par le fait qu’il incarne une machine.
Mais lorsqu’il débarque dans Commando, on ne justifie plus rien !
Le spectateur doit comprendre que le héros est un soldat surpuissant à qui rien ne résiste. Un héros au physique taillé dans la pierre, avec la détermination d’un convoi de la Panzer Division et qui parle peu. Tout dans le film transpire la surenchère : on traficote les freins du héros, pas de problèmes, il pousse la voiture dans une pente sans se préoccuper de l’atterrissage ; un avion ne décolle pas, un bon coup dans le tableau de bord et ça redémarre ; cambrioler un magasin d’armes, pourquoi faire dans la discrétion alors qu’on a un bulldozer à sa portée… J’en passe et des meilleurs.
Commando respecte à la ligne les lieux communs du cinéma d’action des eighties : le héros solitaire venu sauver l’Amérique de l’axe du mal, et pour cela, tous les coups sont permis, l’ultra-violence est reine. Il n’y a qu’à voir l’assaut final de Matrix chez les bad guys à un contre cent durant lequel il effectue une démonstration de toutes les armes possibles et inimaginables.  
N’oublions pas que nous sommes dans les années 80, décennie où le président Reagan dispense le discours d’une Amérique toute puissante dont le cinéma d’action représente un terreau fertile pour répandre son idéologie. Reagan qui était d’ailleurs un proche ami de… Schwarzenegger. 


C'est un roc... C'est un pic... C'est un cap... Que dis-je, c'est une patate dans ta gueule !
A y regarder de plus près, notre grosse bûche autrichienne fait penser au parcours de Bruce Lee, cet immigré chinois venu faire carrière à Hollywood. Ces deux vedettes au physique typé et à l'anglais approximatif ont compris qu'il fallait palier ce handicap par une vraie présence sur scène. Et quand je dis présence, je parle d'une réelle puissance physique imposante. Que ce soit la composition des cadres, les acteurs autour d'eux ou le scénario, tout se concentre sur ces hommes-là. Et leur iconisation semble tellement naturelle que le spectateur confondra le personnage de fiction avec le véritable acteur.  

C’est grâce à Commando que nous avons cette image d’un Schwarzy invincible, exterminant les méchants sans états d’âme mais avec punchlines cyniques pour prouver l'absence de sentiment. Ce corps représente toute l’énergie et la détermination qu’il a mis pour devenir ce mythe incarné, un Hercule (qu'il a interprété dans Hercule A New York en 1970), et en résumé, l'incarnation du rêve américain.
Tout Commando n’existe que pour lui, et plus jamais on ne retrouvera dans ses œuvres une image aussi "pure" de l’action hero des 80's (à part peut-être dans L’Effaceur). Tout dans la démesure, rien de réaliste, c’était le mot d’ordre des actionners bourrins de l’époque. 
Rétrospectivement, on peut comprendre pourquoi le public ne s’est pas déplacé pour voir son Last Action Hero. Le film de McTiernan prenait un malin plaisir à tourner en ridicule dix ans de blockbusters codés et à ébranler la figure du héros (avec cette scène marquante d’un Schwarzy en sang dans une ambulance). Pour les américains, on ne touche pas impunément à leur mythe. 

Commando

 

Crache ta vapeur, sale pourriture !
Bien sûr, je ne suis pas là pour dire que Commando est un chef-d’œuvre. Avec son intrigue minimaliste, ses personnages caricaturaux, ses faux raccords, ses mannequins en mousse et ses idées de mise en scène piquées à Peckinpah (dont une reprenant une même situation que dans Guet-apens), le film de Lester gagne sa place dans la catégorie des plaisirs coupables. Mais un plaisir qui a plus de mérite qu’un Taken et autres Shooter, Tireur D’Elite n’assumant jamais leur aspect nanar alors qu’ils possèdent exactement la même intrigue que Commando.
Replongez dans cette merveille de violence décomplexée où fusent les dialogues du genre "C’est pas entre les yeux que je vais te buter ! C’est entre les couilles !!" en provenance des glorieuses eighties, où l’on savait fabriquer de vraies stars avec une aura, qui pouvaient réclamer des piges à trente millions de dollars afin que leur nom soit plus vendeur que le film en question.

Pour l’anecdote, une suite fut écrite par Steven E. de Souza et Frank Darabont (et oui), McTiernan devait en être le réalisateur. Arnold refusa le rôle, ce qui conduisit les scénaristes à remanier le script, ce qui, au final, nous donna l’histoire d’un flic de New York coincé dans un building de L.A. avec des terroristes le soir du réveillon de Noël.
Quand je vous disais que ce type était un mythe ! 


COMMANDO
Réalisateur : Mark L. Lester
Scénario : Jeph Loeb, Matthew Weisman & Steven E. de Souza
Production : Joel Silver
Photo : Matthew F. Leonetti
Montage : Glenn Farr, Mark Goldblatt & John F. Link
Bande originale : James Horner
Origine : USA
Durée : 1h30
Sortie française : 5 février 1986




   

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